Les zones humides
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Définition
( Cl : M L )
On regroupe sous cette expression, les estuaires, les côtes ouvertes, les plaines inondables, les marais d'eau douce, les lacs, les tourbières et les forêts marécageuses. La Loi sur l'eau du 3 janvier 1992 les définit comme « des terrains exploités ou non, habituellement inondés ou engorgés d'eau douce, salée ou saumâtre, de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année ».
Estuaire de la Charente
( Cl : ECAV )
Les principales zones humides de la région comprennent :
- les baies et les estuaires marins : baie de l'Aiguillon, estuaire de la Charente, anse de Fouras, estuaire de la Seudre, marais en bordure de la Gironde...
- des marais agricoles aménagés : Sèvre Niortaise, Marais Poitevin, marais de Rochefort et de Brouage...
- les vallées inondables de la Vienne, de la Charente, de la Seugne, de la Boutonne...
- des zones humides intérieures comme celles du Montmorillonnais.
( Cl : J M )
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Une mauvaise réputation
Les marais ont toujours été perçus comme des lieux hostiles, insalubres, dangereux. Les fièvres transmises par les moustiques, mais longtemps attribuées aux miasmes des marécages, les sols mouvants, les feux-follets dus à l'inflammation spontanée du méthane, sont à l'origine de cette mauvaise réputation. Les hommes ont mobilisé des énergies considérables pour « assainir », « mettre en valeur » les marécages. La plupart de nos marais actuels sont d'anciens marécages, aménagés par l'homme.
Tant que ces marais ont été consacrés à l'élevage ils ont continué de jouer leur rôle dans le cycle de l'eau et ils sont restés des milieux d'une très grande richesse biologique. Puis sont venus de nouveaux moyens techniques qui ont permis le drainage à grande échelle ; et le maïs irrigué a remplacé la prairie. Finie la biodiversité. Finis les rôles multiples joués par le marais. En quoi consistent-ils ?
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Des fonctions multiples et essentielles
( Cl : C E )
Ce ne sont pas seulement des milieux indispensables à la vie des oiseaux d'eau. Titre auquel ils méritaient largement d'être préservés, mais aussi de formidables réservoirs de biodiversité, tant animale que végétale. Sur le plan de la production de biomasse les estuaires et les marais côtiers devancent très largement les systèmes agronomiques les plus intensifs.
Associées à l'originalité des paysages ces caractéristiques les rendent très attractifs pour certaines activités de loisir : l'observation naturaliste, la pêche, la chasse...
A ces ressources naturelles auxquelles le public accorde de plus en plus de valeur, il faut ajouter les ressources traditionnelles : production fourragère, ressources halieutiques et forestières, alimentation en eau du bétail...
Du point de vue du cycle de l'eau les zones humides remplissent un certain nombre de fonctions essentielles :
- Elles régulent les écoulements et préviennent les inondations en stockant de grandes quantités d'eau qui sont ensuite restituées progressivement ;
- Elles alimentent des nappes souterraines ;
- Elles retiennent les sédiments et les fertilisants. La végétation particulière des zones humides retient les particules de sol emportées par l'érosion ainsi que les substances toxiques qui peuvent y être attachées. Ces substances toxiques sont peu à peu dégradées par hydrolyse. Les zones humides constituent des stations d'épuration naturelles très efficaces ;
- Enfin la végétation des zones humides littorales protège la côte de l'érosion tout en assurant un effet brise-vent pour les terres de l'intérieur.
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Une réduction considérable
( Cl : C E )
Partout en régression, les zones humides sont les milieux naturels qui ont connu la plus forte diminution de leur surface. Cette « mise en valeur » des zones humides est planifiée comme en témoignent la mise en place, en 1964, d'une station expérimentale de l'INRA à Saint-Laurent de la Prée, en Charente-Maritime ou encore la loi d'orientation agricole du 4 juillet 1980, qui voit dans la maîtrise de l'eau le facteur essentiel de la production agricole. On estime alors qu'en France 1 million d'hectares sont déjà équipés pour l'irrigation et que près de 3 millions sont drainés ou « assainis ». Le plan prévoit l' « assainissement » de 4 millions d'hectares supplémentaires ; certaines demandes portent même ce chiffre à 10 millions d'hectares...
De 1970 à 1982 on assiste à une montée en puissance des travaux de drainage. On passe de 8 780 ha drainés par an en 1970 à 135 000 ha en 1982. Cette politique se poursuit jusqu'en 1992 où l'on revient à « seulement » 11 240 ha drainés dans l'année.
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Le cas du Marais Poitevin
( Cl : ECAV )
Les 100 000 hectares du Marais Poitevin reçoivent les eaux d'un bassin versant de 635 000 hectares. C'est la deuxième zone humide de France, après la Camargue, et la cinquième d'Europe. Le Marais Poitevin comptait 60 000 hectares de prairies permanentes en 1973. En 1990 on estimait qu'il n'en restait plus que 25 000 hectares. Encore s'agit-il, pour 10 000 hectares, de terres éparpillées, enclavées au milieu de parcelles drainées, incapables d'assurer leurs fonctions écologiques. Les conséquences se font sentir sur la Sèvre et sur la baie de l'Aiguillon au détriment de la mytiliculture. Ajoutons à ces dysfonctionnements, la perte de paysages remarquables et de biodiversité.
( Cl : ECAV )
Son statut de « Parc naturel régional », acquis en 1979, n'aura pas suffi à protéger le Marais Poitevin qui a perdu ce label en 1996, après la suspension décidée en 1991 par le ministre de l'Environnement.
Une telle évolution était malheureusement prévisible : difficile de convaincre les agriculteurs de conserver leurs prairies quand les aides à l'hectare pour le maïs irrigué, ou drainé, sont plus de deux fois supérieures à celles qui sont accordées pour les prairies.
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La disparition des prairies
Si on a une certaine idée du rythme des « mises en valeur » des grands marais, l'ampleur de la destruction des petites zones humides échappe à toute statistique. Le plus souvent ces « prairies communales » situées en fond de vallée, en tête de bassin versant, ont laissé la place à l'agriculture intensive et à son cortège de pollution.
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Évocation nostalgique
( Cl : C D )
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C'était la prairie communale. Une prairie humide, entretenue par la fauche et le pâturage. Une mosaïque d'espaces ouverts et de halliers impénétrables ceinturés par des ronciers. Les endroits les plus humides, envahis par une végétation caractéristique, étaient difficilement accessibles ; on se méfiait de ces sols mouvants, toujours gorgés d'eau. Un petit cours d'eau y déroulait paresseusement ses méandres. Il y avait de l'eau toute l'année. On y trouvait des vairons, des loches, des épinoches et des anguilles. En juillet après les foins et quand le sol était suffisamment ressuyé pour supporter sans dommage le piétinement des troupeaux, le garde-champêtre parcourait le village et les hameaux et à grands roulements de tambour avisait la population de l'ouverture de la prairie. Pour quelque temps cet endroit, désert la plupart du temps, devenait un lieu de vie très animé où se retrouvaient tous les gardiens et gardiennes de troupeaux. On y échangeait les derniers potins du village. Pour les enfants c'était un merveilleux terrain de jeu. Bien des adolescents y ont vécu leurs premières amours.
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( Cl : J M )
Puis le remembrement est venu. Le géomètre a tracé des lignes droites. On a creusé des fossés profonds, rectilignes. On a drainé. Le maïs a remplacé la prairie. Non seulement le milieu ne joue plus le rôle régulateur et épurateur mais on y déverse pesticides, engrais, lisiers... Et en été il faut bien irriguer puisque tout a été fait pour évacuer l'eau le plus vite possible au printemps. Devant ces terres désolées certains se souviennent des anciennes prairies mais au fur et à mesure que le temps passe, de plus en plus de gens croient que cela a toujours été comme ça.