La pollution par les fertilisants


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La pollution par les nitrates

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( Cl : J M )

En l'absence de toute influence humaine, la teneur en nitrates des eaux souterraines est de l'ordre de 1 mg/l. Aujourd'hui, dans beaucoup de régions, on observe dans les nappes souterraines des teneurs nettement supérieures aux 50 mg/l retenus comme limite par la législation. Rappelons que les directives européennes recommandent de protéger la ressource dès que sa teneur en nitrates dépasse 25 mg/l.

La croissance moyenne des teneurs dans certaines nappes est comprise entre 0,5 et 4 mg par litre et par an. Localement, les eaux de surface atteignent, voire dépassent les 100 mg/l. Les rejets industriels et urbains contribuent pour une part à l'enrichissement de l'eau en nitrates. Mais l'essentiel des apports provient de l'activité agricole soit sous forme d'engrais chimiques, soit sous forme de déjections animales.

Cette pollution intervient quand l'apport d'engrais n'est pas complètement utilisé par les plantes. Les nitrates, solubles dans l'eau, descendent vers les nappes à des vitesses variables selon la nature du sol. On peut retenir 1 mètre par an sur terrain calcaire à titre indicatif. Cette pollution peut avoir des raisons multiples :

IIPFE2
( Cl : ECAV )


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Nitrates et santé

Les nitrates ne sont pas directement toxiques pour l'homme. Le risque provient de leur transformation en nitrites dans l'appareil digestif. Ils provoquent l’oxydation de l’hémoglobine en méthémoglobine, celle-ci est alors incapable d'assurer le transport de l'oxygène. Cette méthémoglobinémie se traduit par une cyanose ou maladie bleue qui est observée principalement chez le nourrisson.
IIPFE3

( Cl : J M )

Un autre risque souvent évoqué, et sujet à controverse, est la production de nitrosamines cancérigènes pour le tube digestif. Les nitrates sont apportés à l'organisme en partie par l'eau que nous buvons, par les salaisons et par les légumes. Les légumes apportent une part significative de nitrates, mais on considère par ailleurs qu'ils constituent une bonne protection contre certains risques de cancer.

Compte tenu de la raréfaction des cas de méthémoglobinémie du nourrisson et des incertitudes concernant les risques pour le cancer, certains groupes de pression ont demandé à ce que la norme des 50 mg/l soit revue à la hausse. Le 5 juin 1998 le Comité de la Prévention et de la Précaution consulté sur ce sujet a formulé un avis défavorable à cette mesure, motivé par les risques pour la santé, et le principe de précaution quant aux effets possibles à long terme.

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Nitrates, économie et société

IIPFE4
( Cl : J M )

En fonction de la législation actuelle, le dépassement des 100 mg/l en nitrates des eaux de surface les rend impropres à être utilisées pour la production d'eau potable. De même les distributeurs doivent produire une eau contenant moins de 50 mg/l de nitrates. Cet objectif a conduit à l'abandon de nombreux captages ( 140 en 10 ans en Poitou-Charentes dont 62 en Deux-Sèvres ), à l'interconnexion des réseaux pour « diluer » la pollution des eaux les plus contaminées avec des eaux de meilleure qualité, et à la mise en service d'usines de dénitrification.

Toutes ces mesures ont un impact significatif sur le prix de l'eau distribuée. Compte tenu des craintes des consommateurs, craintes liées également aux pesticides, beaucoup de ménages achètent de l'eau en bouteille dont le prix est considérablement plus élevé que l'eau du réseau. Ce comportement génère par les emballages et le transport par route une pollution importante.

IIPFE5

( Cl : J M )

Jusqu'à maintenant les groupes de pression du monde agricole ont réussi à empêcher que la pollution par les nitrates dont elle a la responsabilité soit prise en charge par l'agriculture. C'est l'ensemble de la société qui supporte les conséquences de cette nuisance ; ceux qui habitent à proximité des élevages industriels encore plus que les autres...

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La pollution par le phosphore

Alors que l'agriculture intensive peut être tenue comme principalement responsable de la pollution par les nitrates, la situation est plus complexe en ce qui concerne la pollution par le phosphore. D'autre part ce sont surtout les conséquences sur le milieu naturel et en particulier l'eutrophisation des eaux superficielles qui sont en cause ici. Le phosphore compte tenu de la forme chimique et des doses contenues dans l'eau que nous buvons ne présente pas de risques pour la santé.

IIPFE6

( Cl : J-D B )

Longtemps le phosphore a été un élément rare dans les eaux superficielles ce qui limitait le développement des végéatux aquatiques et des algues. Les apports urbains ( eaux usées ), industriels et agricoles ont changé cette situation et conduisent souvent à l'eutrophisation des eaux de surface ( plans d'eau et cours d'eau ). Depuis son utilisation comme engrais et dans les lessives on estime que le flux de phosphore, du sol vers la biosphère, a été multiplié par cinquante en Europe. Moyenne qui cache des situations locales très contrastées et parfois beaucoup plus défavorables.

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Urbain ou agricole ?

Le partage des responsabilités dans la pollution par le phosphore est souvent l'objet de polémiques. En ce qui concerne la pollution des cours d'eau les analyses permettent de connaître l'origine du phosphore. Dans le cas du phosphore d'origine industrielle ou urbaine les teneurs diminuent en période de crue par effet de dilution alors qu'elles augmentent quand il s'agit de phosphore d'origine agricole ( engrais et épandages ), qui est entraîné par le ruissellement ou l'érosion. En effet, jusqu'à une certaine concentration, le phosphore reste attaché aux fines particules du sol.

IIPFE7

( Cl : M L )


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Le cas des lessives

Au cours du lavage du linge, les ions calcium réagissent avec certains tensio-actifs pour donner des précipités insolubles. On utilise le tripolyphosphate de sodium ( TPP ) pour éviter cet effet en neutralisant le calcium. Quand il est rejeté dans le milieu naturel le TPP s'hydrolyse en orthophosphate directement assimilable par les plantes.

Malgré des expériences grandeur nature prouvant la responsabilité des phosphates dans le phénomène d'eutrophisation, les industriels, organisés en groupe de pression, mènent depuis cinquante ans une campagne très active pour s'opposer à l'interdiction des phosphates dans les lessives. Ils n'ont pas hésité à financer des « études scientifiques » qu'ils ont interprétées dans un sens favorable à leurs intérêts économiques.